Quand les garçons naissent dans les choux et les filles, ça sent la rose.
J’allais te parler cul puisque les statistiques sur le Contexte de la Sexualité en France m’ont bien fait marrer. Les femmes ont plus de partenaires dans leur vie qu’au précédent rapport, si mes souvenirs sont bons 4,4 contre 11 virgule une nénette pour les hommes. On se tord mon ami, des stat’, pour dire que les non diplômés utilisent moins souvent la capote qu’une autre catégorie. J’aime pas les stat’, c’est jamais bon, enfin ce sont des stat’ !
J’allais donc te rapporter deux ou trois croustillantes et délicieuses notes sur les hommes mariés, les divorcés, les séparés, les qui ne sont pas hommes, les amis d’un soir parce que Nico et Madison m’ont inspiré … puis mardi soir, je me suis refroidie d’un coup et toute seule en plus. Pas de main dans la culotte !
Mini tout juste 5ans, Mater chez les Moyens
Mini : « la maîtresse, elle a dit que c’est pas bien de faire l’amour  »
Youkou : « ahhh bon … »
Je me mets dans la tête de Maîtresse, elle a dà » parler d’attouchement.
Youkou : « non, Maitresse a dit que c’était pas bien qu’un grand te touche le kiki, qu’il faut dire non et le dire à maman  »
C’est une phrase qui va avec « ne parle pas aux inconnus  », « donne-moi la main pour traverser la route  », « cette dame, ne lui dis pas bonjour, ne prends pas ses bonbons  »
Mini : « non, c’est pas bien de faire l’amour  » Il persiste et signe
Elle fait chier la maîtresse, c’est l’heure de l’histoire et bisou-dodo pas du cours « Il était une fois la vie  », je m’assois à côté de lui, les yeux dans les yeux
Youkou : « tu sais ce que c’est, faire l’amour ?  »
Là je teste pour voir son niveau de compétence en ce domaine
Mini : « Mon amoureuse c’est Laura et c’est pas bien  » A l’ouest !
Youkou : « non pas du tout chéri, les grands lorsqu’ils s’aiment, ils font l’amour, c’est-à -dire ils ont des relations sexuelles (là tu peux te marrer très fort !), tu sais comme lorsqu’ils font des bébés, le papa et la maman, ils se font des gros gros câlins  »
Mini : « oui et après je suis dans ton ventre.  »
Il a l’air d’acquiescer et de se fondre dans le sommeil. Il ne m’en dira pas plus pour ce soir, je le borde.
Le lendemain je demande à F***, si son fils a les mêmes symptômes « où j’en suis dans ma sexualité ? », qui je trouve arrive un peu tôt mais qui peuvent être des questions existentielles, j’entends bien !
Oui il parle avec son petit frère de testicules, de vagin et lui apprend à faire la grimace du spermatozoïde, ça gigote comme un serpent. Il sait aussi que la course à l’ovule c’est mieux que Cars, que le temps d’incubation d’un mioche tend vers les neuf mois et qu’il n’a pas le droit de se marier avec sa sœur. Arff, j’en peux plus, je suis morte de rire extérieurement parce qu’intérieurement ça boue un peu.
Sur le chemin de l’école, on croise une autre maman et, même histoire, sa fille de 4ans lui a dit que son papa avait un pénis avec plein de poils. Y’a pas de tabou chez moi mais personnellement je trouve ça un peu hard, trop cash et trop tôt.
Imagine la blondinette, haute comme deux bananes, avec le palmier sur son crâne qui t’explique l’érection … et après ne me parle pas du Père-Noel !
Cher professeur, je t’adore et ne dirai jamais de mal mais là , avoue, tu as merdé, je tombe bien bas, le coccyx éclaté.
Dehors on parle de rôles des parents, que certains démissionnent alors qu’ils ont un cdi à vie, que le rôle des instit’ se tient à certains domaines et que d’en d’autres c’est un travail à faire tous ensemble. Là je considère qu’elle aurait pu nous prévenir surtout qu’en allant la voir, elle m’apprend que le cours sur l’anatomie (qui amènera dans les prochaines semaines à savoir dire non à un adulte) est réservé aux Grands et que certains Moyens chopent des bribes d’images et d’explications pour les mélanger par la suite.
Je ne suis pas contente. Elle me dit qu’il faut savoir en parler et ne pas avoir peur, trouver les mots… C’est un choix des parents, il y a des moments où certaines choses de la vie doivent être expliquées mais il faut aussi savoir choisir le « quand  ».
Son zizi qui durcit, les problèmes de violence et maltraitance, j’en ai déjà parlé avec Mini, parlé de façon simple et clair, un zizi, une nénette (je ne sais pas comment tu l’appelles, elle, cette perle), certains trentenaires la nomment pilou-pilou, c’est pour te dire que mon fils est soit avancé soit certains sont ultra retardés !) lui expliquer comment c’était quand il était dans mon ventre, lui montrer les photos, sa naissance, l’Origine.
La discussion est chez nous, dans cette mini famille, primordiale, un jour il me dit « tu sais la famille c’est le papa, la maman et l’enfant dans la même maison, nous, on est cassé  » Une tarte dans ta gueule ! Alors tu ne dramatises pas et tu expliques qu’une famille ce sont des gens qui n’habitent pas forcément ensemble mais qu’on aime très, très fort. Des choses comme ça, ça passe comme une lettre à la Poste.
J’ai donc un rôle à tenir, l’école a aussi le sien. Je vais au rythme de mon enfant, si je sens qu’il se pose des questions ou que, dans sa tête, il commence à changer, je parle, il parle, nous parlons. Communication, ce n’est pas que dans un couple, communication. Et tout ira pour le meilleur du monde.
Les thèmes qui sont abordés à l’école sont très intéressants mais déjà prévenir les parents pour ne pas qu’on se retrouve sous le choc de « ça y est, mon fils a grandi / les capotes sont dans le tiroir chéri » et pour que chacun puisse donner son avis. C’est du participatif !
Au final, Maitresse m’a prise pour une barge frustrée, inconditionnelle du vibro : je pense qu’elle n’a pas d’enfant. Je n’aurai pas fait les choses de cette manière mais l’essentiel, n’est-ce pas, est dans Lactel.
Ps : Je ferai réclamation pour qu’en CP on ne leur apprenne pas le Kâma-Sà »tra, c’est un peu trop violent pour eux.