Désenchantée

mercredi 10 octobre 2007, par youkou


Je suis dans une vague en ce moment, une déferlante qui me prend les tripes, comme toujours, à cœur encore plus.

L’onde de choc a commencé depuis un certain temps déjà et a pris toute son amplitude avec le nouveau règne. Hier je te parlais de ces écoles cartons, d’une carte scolaire mise sur la sellette et de ces jeunes diplômés qui se prennent les pieds sur les cartables des cités. Demain j’aurais voulu t’annoncer toutes les mesures qui ont été prises et qui font que les mômes, ils comptent un peu plus, le mien et le tien.

Politique et éducation nationale. Je ne me sens pas bien.

La politique, j’ai cru à une nouvelle ère mais je me rends compte que ma naïveté incommensurable me déforme toute vérité sur ce monde. Je tombe de très haut à chaque instant. Ca fait mal, je crie et je t’envoie mes hurlements.

La politique, l’Etat, un parent qui prend soin de ses gosses, qui donne l’exemple à suivre malheureusement la seule chose que je vois, Wolinski l’exprime à merveille «  Je donnerais n’importe quoi pour qu’on cesse de me traiter de corrompu. - Vous iriez jusqu’à combien ? », voilà notre Saint Père se confessant à ses fils et ça ne me fait pas rire. Des gauches et des droites qui se chiffonnent dans la cour des médias et qui s’embrasent sous la couette. Selon les affinités il y a même des diverses gauches et droites, mathématiquement les extrêmes restent là à soutenir les murs, parce que s’ils n’attisaient pas vengeance et violence, l’espoir et l’amour, nous n’aurions plus rien, aucune alimentation, zéro énergie. Parce que nous sommes Hommes. J’étais bien loin du compte. L’affaire EADS et on donne aux riches, encore. Le fossé s’agrandit. Je voyais l’Etat et ses politiques au-dessus de tout, parfait berger et nous, petits moutons. Mais il ne se retourne pas l’Etat, il en perd beaucoup.

Parce que ce que je vois n’est que du copinage, du carriérisme, des coucheries, des coups en douce pour faire tomber le bureau d’à côté ou pour faire monter le prochain directeur général. C’est un arbre avec des branches bien solides et des feuilles qui tombent de partout. Ici nous sommes rive Gauche et je croyais ce côté insubmersible. Franchement ce sont des mensonges, je lance les fusées de secours, je perds la foi.

Il m’amuse de voir la Semaine du goût où les services se mettent en douze pour participer au projet, que des personnes viennent t’expliquer comment, où et pourquoi manger, parce que l’obésité nous menace tous. Bouhh j’ai peur. Prends les publicités sur la première chaîne, elles sont encore plus flippantes « mange un, deux, trois, quinze fruits », « évite le grignotage ». Balayer devant sa porte, je le dis à longueur de journée. Pouvoir d’achat, sans, t’es fichu ! Qu’ils fassent la morale et qu’en même temps, ils restent tout mielleux avec leur amour de jeunesse, la grande firme Coca-Cola.

Ici c’est exactement la même chose, on nourrit parents et enfants de prospectus qui finiront pour les trois quarts à la déchetterie et que le midi, à la cantine, c’est de la bouffe pour animaux, avec des dates de péremption très limites et des aliments qui n’ont même plus la forme de ce qu’on voyait dans notre tendre enfance, le pain est rassis et les pique-niques sont à éviter fortement. A côté de cela, il y a des festins à se faire péter la panse et ce sont toujours les mêmes qui en profitent. Je suis naïve, c’est partout comme ça. Je suis écoeurée, déçue. Sans voix.

Puis il y a l’école. La nôtre, elle est en haut de la colline, d’un côté l’établissement d’une commune de l’autre des gitans sédentaires d’une autre commune « mondialement » connue. Eloignée du centre. Dans les environs des privilégiés appellent les bâtiments de la grande rue, les cités. Tu parles ! Parce que l’immeuble a plus de trois étages et parce qu’en bas, sur les escaliers, les gosses ne jouent pas dans le jardin au toboggan mais se font des foot de rue. J’ai vu pire comme cité. Néanmoins dans son contexte géographique et politique, ç’en est une. Les pavillons avoisinant dépendant de cette école, demande une dérogation, ils l’obtiennent et pour certains, en maternelle, sont en attente. Ici, nous avons quinze places libres que personne ne veut. Parce qu’ils fuient. Parce que les gens d’un niveau social inférieur aux leurs ne sont pas fréquentables. Parce que voilà l’écart se creuse et je le sens tous les jours. Parce qu’il n’y a plus de diversité, nous sommes tous regroupés.

L’équipe pédagogique suit et se bat pour les enfants. Certes beaucoup sont en difficulté trop tôt dans leur scolarité, mais il y a le regard. Vu, détecté et pris par la main. C’est une école qui fonctionne bien et sur le temps donné à l’enfant et sur l’investissement, tout un métier. Le samedi matin est gardé pour élever l’enfant plus loin dans ses attentes, pour qu’il prenne confiance parce que chacun son rythme et ses difficultés. En évaluation de CE2, les élèves firent mieux que l’école dite « bonne école », jusqu’à l’inspecteur académique, ils accusèrent les élèves de tricherie avec les instits qui ne firent pas, soi-disant, passer l’examen comme dans les textes.

Voilà une réputation qui est faite, sur une école, son corps enseignant et ses enfants. Des voisins à l’hôtel de ville jusqu’à l’Elysée, ils la délaisseront. Parce que ça ne sert à rien de donner à ces gens-là, parce qu’ils faut donner le samedi matin à la consommation et au tourisme.

Je ne comprends plus, l’illogisme et leur injustice. Injuste de gâcher ces générations. Hier j’étais sans force parce qu’à quoi bon ?

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