I Book

Salon

dimanche 25 mars 2007, par youkou


Je me retrouve encore une fois Porte de Versailles, cette fois-ci le ciel est chagrin, le printemps arrivé n’a, j’espère, pas dit son dernier mot, on perd encore quelques degrés. Le bonnet vissé fort sur ma tête pour couvrir les oreilles, j’arpente les allées du métro avec nonchalance, une joyeuse inertie de l’âme, le corps tout en mouvement. Lui, sur le strapontin voisin, lit de maudits feuillets sur un candidat de l’opposition, il semble inspiré le pauvre. Malheureux.

J’aime me promener dans les rayons de livres, je pourrais y rester jusqu’à ce que mon ventre crie famine, lui, il passe en priorité. Alors imagine-moi au Salon du livre, c’est la maison du Père-Noël ! Toucher ce papier glacé ou froissé, sentir ce parfum de lettres imprimées, lécher ces vitrines qui ne sont que stands.

Un homme est assis, des bouquins autour de lui, empilés, il signe les premières pages, je me faufile derrière et je peux lire : « à Jacqueline » et ses initiales JJ…

Je me réinstalle dans la file de devant, étalé sous mes yeux, Un sac de bille. Pour te dire que mon cœur, il chavire. Joseph Joffo. C’est le premier monsieur qui m’a fait pleurer sur un livre et si je ne compte pas la bibliothèque rose et tous les Poly par ci, c’est un des tous premiers livres que j’ai lu, Un sac de bille… (Silence)…Beaucoup de respect et de souvenirs, il fait chaud tout à coup.

 

Il y aussi cette fille qui me ressemble beaucoup, elle est assise par terre un calepin ouvert et le stylo à la main, elle observe les gens. Il y a pas mal d’instits, de retraités et des trentenaires aisés aimant se faire reluire le cerveau « as-tu lu le dernier Chose ? » , si tu réponds Non, c’est le mépris absolu et ils te rayent du cercle des poètes, je m’arrête là, c’est trop d’honneur pour eux.

J’ai un coup de foudre pour Naïve qui présente des bouquins illuminés par l’originalité d’une couverture et d’un, vraisemblablement, coup d’encre : Tous mes amis sont de super héros, par Andrew Kaufman, et pour les Minis, je note L’encycLoupédie d’Hélène Maurel qui est, à feuilleter, tout simplement beau par les dessins et le texte, ça commence ainsi A comme Amour…

Aux éditions du Rouergue, j’ai failli y dépenser ma petite fortune, une bourse bien sèche qui fait « gling gling » pour deux pièces qui se battent en duel. Chez eux c’est tout et n’importe quoi, un mot une page un graphisme, tu tournes, rebelote, un mot une page un graphisme,

jusqu’à ce que tu découvres que ces quinze pages à douze euros cinquante, ton fils, sa classe et sa maîtresse en auraient pu être les auteurs. De très jolies choses.

Chez les Indépendants d’IDF, je n’ai pas noté son nom mais un monsieur tout sourire reste calme à mon passage, il ne tente pas de m’expliquer le pourquoi du comment, qui a fait la guerre et quelle genre de philosophie lui et sa femme soutiennent sur l’édredon, il me laisse feuilleter, sentir et goûter cette arabe qui va, à ce qui est écrit, fumer tout son bouquin. Il y a un groupe de trois personnes qui parlent, je ne les entends plus, j’entre dans ma bulle. Je le vois du coin de l’œil me suivant du regard sur les trois mètres de son étalage, il a l’air gentil, une tronche qui te met à l’aise, je lui parle, il me répond. C’est tout comme dans un rêve, échanger quelques mots, au ralenti et déjà tout se termine. Je reprends clic et clac, cabas, caddy et tout ce qui s’en suit.


 

La Musardine tient une des collections les plus exotiques du moment même si l’honneur est à l’Inde, et ne me parle pas de Kama, j’en ai horreur. Toute la collection « Osez », osez …les jeux érotiques, osez… la chasse à l’homme, osez …tout savoir sur la fellation… je me recule et je pouffe. Les gens s’approchent, font comme s’ils feuilletaient rapidement, inintéressés, s’éloignent, reviennent, une fille même sort un billet de cinq euros et une pièce, elle donne la monnaie, prend le livre et file, les couvertures sont explicites et d’autres vieux en restent tout bandant. Le stand le plus attractif des environs et le plus populaire, peut-être même le plus rentable, que ne ferait-on pas pour le sexe ?

Entre temps je fais une petite découverte tahitienne qui va te ravir, toi, mon cher ami, et vu ce que tu m’as dit la dernière fois, beaucoup vont pleurer de jalousie… Enlève de ton imagination, la poupée brune monokini qui t’attend sortant de l’avion avec la couronne de fleurs et qui te fait des roucoulements avec les yeux, non, non, non, Coupez !

Ma découverte tahitienne c’est l’Inkacha.

Pleure !

Petit mécréant va, réjouis-toi, je n’avais pas assez, je l’ai donc laissé en me disant que ça aurait été triché que de l’acheter sans en avoir vu réellement ses paysages. Je passe mon tour cette fois.

Pour toute conclusion, le Salon, c’est jusqu’à Mardi, sur ce, j’y retourne.

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