Karaba

l’école de tous les dangers

dimanche 16 septembre 2007, par youkou


En récupérant Mini à l’école, je suis accueillie par une charmante sorcière, langue de vipère qui me dit « humm… ça se voit qu’il n’y a pas de père à la maison ». Elle était parent accompagnateur d’un de ces jours de sortie. La boulette ! Mini l’a sûrement fait tourner en bourrique ! Tu fais les gros yeux à ton fils, ces mêmes yeux que ta mère faisait et qui marchaient si bien sur toi… en me rendant compte, qu’au final, la pagaille avait été générale… emmener des Moyens à la chorale… bah ouais chacun sa peine !  Elle, c’est une des, comment dire sans prononcer le mot « poufiasse », une de celles-là qui croit tout savoir sur l’éducation des enfants et qui pense qu’une famille c’est forcément un homme, une femme et des gosses. Poufiasse ! (oups désolé)

Si tu me connais un tantinet, tu sais alors que le fait d’être une famille monoparentale me culpabilise un peu, parce qu’on se dit qu’on aurait pu faire plus ou gueuler moins, penser plus à la progéniture pour qu’il y ait un cadre de vie normal, ou faire des concessions là où elles étaient le plus nécessaires mais bon :

1/ c’est la vie

2/ ce sont mes choix

3/ aux chiottes la tradition

4/ elle m’emmerde la gonzesse ! De quoi elle se mêle ?

5/ pourquoi je ne lui ai pas mis mon poing pile dans sa face de moineau ?

Donc voilà, en me crachant ces douces paroles, je te le répète si tu n’as pas bien saisi « humm… ça se voit qu’il n’y a pas de père à la maison »., pleines de tact et remplies de compassion, je me suis sentie nulle, à chier, honteuse, touchée, pardi, oui, touchée. J’ai embarqué le Mini par-dessous le bras comme un linge sale et karchérisable, j’ai regretté par la suite, ce n’était pas lui qui était jugé, c’était moi… Le soir, j’ai fait le million de pas… De faire des leçons aux gens comme ça, de ne même pas chercher le pourquoi du comment, de mettre dans des cases, placer sans déplacer. Mère célibataire, jeune, inconsciente et le môme qui lui sied bien. Tu parles d’ouverture ! Monde de cons ! J’avais l’impression d’être dans Génial mes parents divorcent où les familles décomposées font leur apparition dans un monde déjà si vieux. Bande d’arriérés ! Je t’ai parlé un jour des commérages, des mamans de seize heures, de ne pas être pile dans la norme, c’est tombé sur moi et ce jour-là, je te jure je ne rigolais pas.

C’est vrai qu’avec mes deux nattes, mon air cool d’étudiante (tu m’dis si je me trompe !) j’sais pas ce qu’elles se disent en me voyant, j’veux même pas savoir. Je le vois ce regard, faudrait presque que je me balade avec une pancarte explicative « nan faut pas croire, je suis une bonne mère » Je fais mon maximum pour bien l’élever,  fixer des règles, pas celles que les gens attendent toujours, mettre mes espoirs et nos rires, j’y mets tout ce qu’on peut apporter dans la vie d’un enfant en essayant de ne pas passer à côté de la mienne… Comme chaque parent, je me couperais un bras pour lui. Je ne vais pas t’expliquer ce que c’est d’être maman, d’être papa, si tu l’es, tu sais très bien et si tu ne l’es pas, tu le sauras. Mais ces femmes-là, elles te jugent… et tu sais quoi elle, elle a bien été puni !

Cette histoire date de quelques mois déjà et comme on dit, la vengeance est un plat qui se mange froid… gniark, gniark…

Rentrée 2007, son môme toujours dans la classe du mien vient d’arracher la moitié d’une oreille à celui d’une autre. Rentrée des classes, disais-je… Toutes les mamans sont là, à attendre leur génie, dans le couloir, espérant que la porte s’ouvre… La maîtresse apparait, manque de délicatesse et prévient donc à haute voix que pour son môme, ça ne s’est pas bien passé, pas sage, chahuteur et violent… Je suis à quelques mètres d’elle, elle, vraiment toute conne devant tous ces parents… et là mon pote, j’aurais pu dire « humm…on s’demande à quoi ça sert un père à la maison » mais le silence est d’or et j’ai eu le pactole. Comment dit-on déjà ? De balayer devant sa porte… bah mon pote, elle a du boulot !

Ecoute ça arrive les bagarres, les jalousies, les « tu me tires ma couette, j’te défroque », et tu sais quoi, ils sont amoureux aussi, ils ont des « meilleurs copains », ils sont tendres les uns envers les autres, c’est rare mais ça arrive alors faire un cake, mou qui plus est, parce qu’il a fait des choses qu’un môme de cinq ans fait, franchement elle me gonfle.

Elle en a pris pour son grade et a été prise à son propre jeu, c’est bon !

Et ce jour là, je suis rentrée fière comme un paon, le Mini et la Youkou, à deux sur la selle du vélo en descendant la colline à mille à l’heure, in the wiiiiiind, elle n’est pas belle la vie ?

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