France

Randonnées

Pyrénées

samedi 11 août 2007, par youkou

Dimanche, il est grand temps de se mettre en route en direction des Lacs d’Ayous, la carte de rando en poche, des habits chauds, et trois tonnes de vivre.


Il est question d’engloutir à l’aide de nos membres inférieurs une quinzaine de kilomètres et parait-il sept cent mètres de dénivelé (sauf qu’en partant de la voiture, sûr que ça fait beaucoup plus !) Le but de l’escapade se trouver une bonne bouse de vache et de ne pas planter la tente dessus.
J’enfile mes belles campus qui ne sont plus du tout belles à l’heure actuelle et un espèce de mastodonte sur le dos, l’enflure m’arrache les épaules, les hanches et mes pieds s’enfoncent six pieds sous terre… à cause du foie gras bien de chez nous, de la bouteille bien de chez eux, du poulet entier bien rôti, et des sardines à l’huile bien conservées, il est certain que nous n’allons pas mourir de faim !
Les gens se pressent, moi, j’ai tout mon temps. Au bout d’une heure nous arrivons, tout peu frais au vrai commencement de la rando, le soleil rayonne au-dessus de nous, les gens disent bonjour à tout va, ah ces parisiens ! Il y a maintenant deux chemins qui s’offrent à nous l’un par les bois d’une heure et demie, l’autre par la vallée de deux heures et demie.
Youkou, cette demeurée inconsciente, choisit, bien entendu, le plus long.
Nous foulons ainsi le sol de nos transpirations, ce sol infernal, à l’Est se dresse en maître incontesté le Pic du Midi d’Ossau au « nœud monstrueux de l’ombre et de l’azur » et à l’Ouest le Castérau, petit frère sous la coupelle de deux Moines, cachés pour le moment.
Une vallée remplie de ruminants affamés de coups de corne
Première pause, juste avant de quitter le gave de Bious, la marche ne parait pas si difficile, je me heurte simplement à la masse installée sur mon dos. Au premier lac, le Castérau, un troupeau de chèvres arrive au loin, je m’installe sur une hauteur, les premières arrivantes, superbement fringuées, sautillent presque de joie de pouvoir s’abreuver et de pouvoir remettre à neuf leur maquillage par le reflet de ce bleu, certaines doublent et prennent des virages très serrés, d’autres sont intéressées par des raccourcis aux allures assez marécageuses… Les dernières, en revanche, sont encore moins fraîches que moi, elles boitent (pour ma part, ce n’est pas encore le cas), leur robe est salie et déchirée, elles traînent la patte et iront sûrement mourir, là, dans un coin, à l’abris des regards de pitié, un peu comme des prostitués, violées, levant le bras pour toute demande d’aide, avec un badaud non prompt et non compatissant, crève charogne ! Elles sont tombées à l’appel du berger, dévalant le flan à toute vitesse, malheureuses !
Derrière moi, un gouffre, au dessus ce que nous devons escalader (emploi d’un bien grand mot pour montrer la grande difficulté). Je pense à rien, aux pieds qui doivent avancer et grimper, je calcule le poids du sac, peut-être un cinquième de la masse youkouzale sur le cul, de tête, c’est à peu près le bon compte…
Hugo disait « avez-vous quelquefois, calme et silencieux, monté sur la montagne en présence des cieux », il parlait d’autres cieux et d’autres terres si peu lointaines, celles de l’autre côté où l’Océan reflète ses mouettes perchées au tableau. Je suis calme et silencieuse, j’arrive au lac Bersau, au plus haut de la balade, là où on ne pourra que descendre dorénavant, en vue de mon passé et de mon futur. J’ai froid, l’eau est plus chaude que mon corps et quelle fierté ! La récompense est de taille, voici enfin ces moines priant de tous vents contre le Maître.
Les cavaliers sont payés pour cette galère, promenant derrière eux l’aventurier en recherche d’une Brèche qu’ils n’ont pas eu le courage de monter.
Plus loin, le refuge, il n’y a pas de vin chaud mais un petit ruisseau qui servira au rafraîchissement d’un nectar.
Alors on plante et on campe, loin d’une civilisation qui se perd et des fils qui nouent les cœurs. A table, une tartine de fois gras, un bon verre, une omelette d’au moins quinze œufs, cinq poivrons, trois kilos de jambon de Bayonne, le tout parsemé d’une bonne couche d’Ossau Iraty. Prenons des forces mes amis, demain sera un autre jour….

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