Pour toi qui l’as lu, tu me diras si j’ai réussi…
Pour te présenter ce livre, c’est tout ce que j’ai à dire, qu’un jour on part au magasin et qu’on tombe sur le bon.
Physiquement, tu ne vas pas l’aimer : il est gros, y’a pas d’image, pas beaucoup de saut de ligne et il se corne. Tout pour plaire ! Puis tu t’y mets, tu retrousses ces rides qui marquent la fatigue, tu épingles la paupière aux sourcils et tu es paré. En fait tout ça pour aller simplement dans une salle d’attente, c’était bien inutile.
J’ai adoré, il m’a déstabilisé : avancer à l’aveuglette. Je m’explique ? L’énonciation est parfaite, tu t’accroches à chaque page tournée. Tu es le narrateur, Il est la chose regardée et racontée, tu es « je » et il est « tu » . Tu fais parti des patients, et quoi de plus simple d’être malade puisque tout le monde l’a été un jour ou l’autre, quoi de plus simple donc de se mettre au moins pour un chapitre à la place de… On découvre un docteur qui soigne qui écoute qui tend la main et qui se dévoile petit à petit. Il écrit, il tombe amoureux, il est lui, il est l’auteur, Martin Winckler.
Je m’attendais à une histoire, j’ai eu des anecdotes, des témoignages très humains, très vrais, et j’ai beaucoup rit aussi. Si j’avais un quelconque savoir littéraire, je comparerais bien cette œuvre à du Zola, presque, on est bien d’accord, presque. Pour ce qui touche à l’humanisme, aux misères profondes de l’homme, ses faiblesses et ses erreurs : il est mauvais, malin et doux, attentif, vicieux et égoïste.
Alors à lire oui sinon je ne t’en parlerais pas, c’est comme une expérience, tu n’en sors pas transcendé mais un peu plus ouvert, compatissant envers les différentes parties. Tu comprends aussi que l’écriture est le chemin de la guérison, elle aplatit les choses et te remet sur pied, sauveuse d’une certaine maladie de Sachs.
Va faire la queue, c’est pas si long que ça, trois personnes devant toi, la bronchiolite, la clavicule cassée et l’arrêt maladie.