dimanche 13 août 2006, par youkou
Il est cinq heures du matin, « Mère-Jeanne  » me jette à Montparnasse, la gare est déserte, un homme pleure tout son saoul qui lui a été de trop cette nuit là .
Etat général : grand bonheur et fatigue. Fatigue de ces allers et retours, d’un contretemps qui te rappelle que la vie ne sera pas toujours là pour toi.
Tu n’as pas encore trente ans, vingt-neuf bien entamés, comme un spot publicitaire, le bel âge où tu croques la pomme avec ta belle dentition quasi neuve et les cheveux aux vents. Des pensées périodiques d’une retraite qui n’existera plus, à regarder Progéniture grandir, à se demander comment et quand lui expliquer le sexe et la drogue, lorsqu’il rentrera au collège, peut-être, à voir Douce se ridée si joliment. Vingt-neuf et tu n’as pu que l’imaginer parce que tu n’auras jamais trente ans.
Le train démarre, les crocs et pas de monnaie en poche. J’ai un nouveau copain, il s’appelle Soixante G.O, si, si, de son nom Ipod, si, si, beau cadeau, hein ?
J’allonge mes jambes, pas de voisins, les matinaux se font rare. Dans ma tête, cette triste nouvelle fait le tour, et dans son malheur, un sourire tout de même, inopportun, j’en suis consciente. Consciente aussi que le temps n’est pas à perdre, qu’à chaque instant, quoiqu’il soit, sa joie, alors je peux m’assoupir tranquillement, je serai à Bordeaux dans quelques heures.
« Vingt-quatre ans du matin, la mort m’a cédé la main et en me tapant un coup dans le dos m’a dit salut et à bientôt  » Mano, pas les noirs, se met en lecture, le disque dur vrombit inexorablement…